A la suite de la nomination d’Alain Griset comme ministre délégué aux PME auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, le Conseil National de l’U2P avait nommé Laurent Munerot pour lui succéder à la présidence de l’U2P jusqu’à la fin du mandat prévue le 19 janvier 2021. Laurent Munerot revient sur cet « intérim » enrichissant dans une période économique, sociale et sanitaire difficile.
Conformément aux statuts de l’U2P, les quatre organisations membres désignent successivement et pour quatre ans la personne qui deviendra Président de l’U2P. Ainsi, Laurent Munerot, membre du Conseil National de l’U2P, avait été choisi par son organisation, la CNAMS, pour poursuivre jusqu’au 19 janvier 2021 le mandat interrompu d’Alain Griset.
Lors de votre prise de fonction, vous aviez indiqué avoir « conscience de l’ampleur de la tâche qui [était] à accomplir pour mettre durablement les entreprises de proximité sur le chemin de la reprise ». Quelles ont été les actions mises en œuvre par l’U2P pendant votre mandat ?
Ces actions se sont inscrites dans la poursuite de celles qui avaient été initiées par l’U2P dès le début de la crise. Je tiens à rappeler en effet, que l’U2P a été à l’initiative de nombreuses mesures de soutien aux petites entreprises, notamment le fonds de solidarité.
Ensuite, il a été nécessaire d’apporter des ajustements pour tenter de faire coller la réalité du terrain avec la gestion administrative de ces mesures.
A titre d’exemple, les listes des activités éligibles aux mesures de soutien ne tenaient compte que du code APE des entreprises ; or, le code APE est attribué par l’INSEE uniquement à des fins statistiques et n’a aucune valeur juridique (ce que l’INSEE ne manque pas de rappeler).
Encore récemment, je suis intervenu auprès d’Alain Griset, ministre délégué chargé des Petites et Moyennes Entreprises, pour l’alerter sur l’emploi qui était fait de ces codes APE, et sur les retards ou rejets de dossiers consécutifs.
Un autre versant des actions de l’U2P a été de porter la voix des entreprises de proximité auprès des médias, soit pour informer et alerter sur leur situation, soit pour « rectifier le tir » de certaines informations erronées.
Dernier exemple en date, un membre du Gouvernement qui explique sur un plateau TV que le couvre-feu n’aura pas de conséquences sur le chiffre d’affaires des entreprises alors que nous savons très bien que selon l’activité ou la taille des entreprises, un couvre-feu à 18h00 entraîne une perte de chiffre d’affaires de 20 à 30%.
J’ai martelé qu’il s’agissait d’une « fermeture administrative partielle« , afin de permettre aux entreprises concernées de bénéficier des mesures de soutien, et aujourd’hui la ministre du Travail reprend ce terme pour évoquer cette situation.
Bien que je n’étais pas un « adepte » de la communication à outrance ou sur les plateaux TV, j’ai appris et je m’y suis habitué. C’est important de pouvoir parler de nos métiers, de représenter nos organisations ; cela donne de la visibilité à l’U2P, à la CNAMS.
Je compte bien continuer en ce sens.
Vous êtes intervenu à plusieurs reprises auprès d’Alain Griset, ministre délégué chargé des Petites et Moyennes Entreprises. Pourriez-vous nous parler de votre collaboration ?
Il y a un avantage certain à ce que nous ayons un ministre comme Alain Griset, c’est sa connaissance pointue des dossiers, du monde de l’artisanat, les structures et les difficultés des entreprises.
Néanmoins, il est avant tout ministre et doit porter les orientation du gouvernement : en cas d’arbitrage, la situation sanitaire l’emportera sur la situation économique des entreprises.
Autre exemple, sur l’assurance chômage des indépendants qui n’a jamais fait consensus à l’U2P mais que le Président de la République veut voir mis en œuvre. Il sera important de trouver l’équilibre d’un dispositif qui devra répondre à la situation des chefs d’entreprises qui risquent de perdre leur activité du fait de cette pandémie, sans pour autant s’engager dans un statut de salariat.
Ce sera le rôle de l’U2P de lui rappeler cette position qu’il a lui-même soutenue.
La situation économique et sociale que nous connaissons est sans précédent. Comment envisagez-vous l’année 2021 pour les entreprises de proximité ?
Malheureusement, elle commence plutôt mal pour nombre d’activités que nous représentons.
Les périodes de couvre-feu, le risque de nouveau confinement, l’évolution sanitaire et économique risquent de freiner les développements, les embauches, les projets des entreprises qui, pour l’instant, sont « attentistes ».
Ce que je crains le plus, c’est que ces mesures poussent certains chefs d’entreprises soit à arrêter par désarroi, ce qu’on peut comprendre quand on est empêché de travailler depuis des mois, soit pour des raisons économiques, soit par crainte d’un avenir sans perspective.
Le problème va être l’accumulation des difficultés rencontrées par les entreprises depuis l’année passée : l’accumulation des dettes, des périodes de non activité, l’accumulation des aides qui sont parfois contre productives … Nous allons devoir nous frayer un chemin dans tout cela.
Il sera important dans tous les cas qu’il y ait un maintien des aides en 2021, mais également une attention différente des partenaires comme les banques qui, je l’espère, apprécieront les dossiers sans se focaliser sur les reports de dettes, de charges, les prêts garantis d’Etat (PGE) ou prêts d’ores et déjà consentis, pour accompagner les entreprises dans cette nouvelle phase de difficultés.
Monsieur Métayer a pris votre succession à la Présidence de l’U2P, quels ont été les vœux que vous lui avez adressés ?
J’ai proposé, lors de cette passation, que nous fassions une interview croisée avec Dominique Métayer au cours de laquelle je lui ai souhaité tous mes vœux de réussite, car je sais la difficulté qu’il y a à être président de l’U2P, surtout dans les circonstances actuelles, et qu’il pouvait compter sur mon soutien en tant que Président de la CNAMS et vice-Président de l’U2P.
Mais il faut préciser que je préparai cette transition depuis quelques semaines, et nous avons échangé avec Dominique pour qu’il prenne connaissance de l’ensemble des dossiers et surtout, lui rappeler l’importance de l’ « avis convergent » de l’ensemble des confédérations qui dicte les positions de l’U2P.
Et quels sont vos vœux pour les entreprises de proximité, pour cette nouvelle année ?
Mes vœux : qu’on voit la lumière au bout du tunnel !
Le pire, ce n’est pas le règlement final de cette pandémie qui prendra plusieurs mois, c’est de n’avoir aucune visibilité sur les différentes échéances. Je sais que tout cela dépend de la campagne de vaccination, la propagation du virus dans les mois qui viennent, de la situation économique nationale, voire mondiale.
Cette crise a été révélateur de beaucoup de choses et nous devrons en tirer les points positifs sur les changements de modes de travail, de mode économique, des changements d’attitude, de mode de consommation… Cela demande de l’adaptation.
Ce que je souhaite pour les entreprises c’est de rester agile comme elles ont pu l’être pendant la crise, et de continuer à s’adapterà un nouveau monde qui arrive un peu plus vite qu’il ne serait arrivé sans la pandémie.
Artisan prothésiste dentaire depuis 20 ans, Laurent MUNEROT est Président de l’Union Nationale Patronale des Prothésistes Dentaires depuis 2016, et siège à ce titre au Conseil d’administration de la CNAMS d’Île-de-France depuis 10 ans.
Président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de l’Essonne depuis 2010, il a été élu en qualité de Président lors du congrès de la Confédération Nationale de l’Artisanat des Métiers de Services et de la Fabrication qui s’est tenu le 23 septembre 2020.
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